Séance très mouvementée au Conseil de Paris ce mardi 8 février sur le projet. Trocadéro – Eiffel.
Il y a eu un amendement des Verts de dernière minute écartant le nord du Champ de Mars du projet pour éviter le rétrécissement et le rehaussement des pelouses centrales et demandant une gouvernance avec les maires d’arrondissements sur un calendrier des événements, respectant 250 jours de relâche sans événement, soit d’après nos calculs : 365-250 = 115 jours par an, ce qui fait quand même un nombre énorme de 2,4 jours d’évènements par semaine !
Résultats du vote :
– 93 pour, dont le groupe Ecologiste.
– 66 contre.
=> le projet est adopté. Il reste très dommageable pour la tranquillité, la sécurité et les déplacements des Parisiens, notamment sur le secteur Trocadéro, Place de Varsovie, avenue Kennedy, largement exclu du compromis avec les écologistes.
Passy-Seine et les autres associations ne baissent pas les bras. D’autres actions sont en discussion.
9 associations signent une tribune contre le vote par le Conseil de Parisde la compatibilité avec le Plan Local d’Urbanisme du projet Trocadéro – Eiffel
La mairie de Paris a annoncé fallacieusement une augmentation de 40 % de surface végétalisée et diffusé à l’envi une communication mirifique. Cependant, il n’est question, selon ses propres documents, que de plus 1,7 ha, en réalité probablement moins de 1 ha, c’est-à-dire très peu dans un site de 50 ha. Or plus d’un tiers de l’espace (35 %) sera fermé au public ou occupé, encore davantage qu’aujourd’hui. Comment d’ailleurs prétendre redonner une unité au site sans rendre aux Parisiens les charmants jardins anglo-chinois des pieds de la Tour, privatisés bien au-delà du nécessaire par la Société d’exploitation de la tour Eiffel (SETE) ? L’espace est ainsi scindé en deux par un mur vitré empêchant la progression de promeneurs.
Les fonctions événementielles, d’exploitation touristique et de marchandisation seront clairement privilégiées à l’issue des travaux. C’est ce que montre le choix d’une « pelouse technique » rétrécie et surélevée, particulièrement disgracieuse mais permettant d’organiser des évènements récurrents. Mais est-ce bien la fonction d’un jardin public, qui plus est classé au titre des sites ? Comment y admettre la construction de quatre bâtiments en béton et d’une vingtaine d’édicules ? Doit-on affecter le plateau Joffre, la place de Varsovie et, bientôt, celle du Trocadéro à une noria événementielle ? Faut-il abattre tant d’arbres adultes, environ 80, notamment ceux autour de la tour Eiffel plantés en 1878 et accueillant une riche avifaune ?
L’un des attraits du Champ-de-Mars est qu’il soit accessible 24 h sur 24. Plutôt que recourir à des grilles et à des horaires, le concepteur des lieux, le grand architecte Camille Formigé, a intelligemment sécurisé cet espace ouvert par des rues traversantes au trafic modéré. En outre, tout le monde comprend qu’une occlusion verte, allant du rond point du Trocadéro, transformé en fer à cheval, à la place de Fontenoy, isolerait les arrondissements extérieurs et générerait d’importantes nuisances de reports de trafic avec une offre de transport non renforcée et par conséquent fortement dégradée. Insécurité à l’intérieur, bouchons à l’extérieur, tel serait le résultat tristement prévisible.
Le patrimoine est le grand oublié. L’agence Gustafson, chargée du réaménagement, a peu et mal étudié l’historique de cet espace. Or ce site est un haut lieu patrimonial et abrite un ensemble exceptionnel de la Belle Époque, probablement le plus beau et le plus cohérent de Paris. Même la restauration des bancs et vases Médicis n’est pas traitée. L’entretien régulier de ce patrimoine végétal et minéral – véritable enjeu à Paris – serait d’ailleurs grevé par les dépenses pharaoniques projetées.
Comment ne pas voir que les Parisiens aspirent à profiter de leurs jardins qui sont autant d’espaces de respiration et de détente dans une ville aussi dense ? De tout Paris, ils viennent au Champ-de-Mars et dans les jardins du Trocadéro. Ils aimeraient avant tout que leur municipalité mette fin aux dégradations et aux conflits d’usages. Une enquête publique a eu lieu récemment. La participation a été massive et l’opposition générale. La mairie peut-elle rester sourde aux inquiétudes des Parisiens ? Faut-il vraiment dépenser 110 millions d’euros pour un bilan de 1 ha de végétalisation supplémentaire, alors que de nouveaux jardins pourraient être intégrés au patrimoine communal pour bien moins ?
Mesdames et Messieurs les Conseillers, nous vous demandons de voter contre ce projet au Conseil de Paris du 8 février et donc contre la mise en conformité du PLU.
Ont signé cette tribune :
Amis du Champ-de-Mars
FNE Paris
SOS Paris
Sites & Monuments
Passy-Seine
XVIe Demain
Association des Riverains du Trocadéroet de la Tour Eiffel
Plateforme des associations parisiennes d’habitants